Epilogue
Bonsoir les gens,
Aujourd'hui le ciel était morose sur la capitale des Gaules. Contrairement à beaucoup de Lyonnais je n'ai pas eu la chance de faire le pont et mon aquarium aux mille chaussures m'attendait, dès 14h. Pour égayer ce jour grisé d'humidité j'ai décidé d'user d'un grand classique de la poésie, pour rendre mon lundi ludique je me suis lancé dans le jeu du "cadavre exquis".
Première étape: J'ai tiré au sort -dans un gros roman historique- 8 noms, 8 verbes, 8 adjectifs et 8 compléments. Puis j'ai tiré au sort 8 lignes comprenant chacune 1 nom, 1 adjectif, 1 verbe et 1 complément.
Voici les lignes qui ont fleuri:
Noms | Adjectifs | Verbes | Compléments |
Réponses | Pistache | Bercer | Les murs de givre |
Planète | Musqué | Sortir | Le marchand ambulant |
Jours | Granuleux | débarasser | Un tuyau coudé |
Fièvre | Strident | Entretenir | Un grand clin d'oeil |
Jouet | Aiguisé | Plisser | La dernière marionnette |
Heures | Souple | Ligoter | L'éventail du temps |
Coursier | Sirupeux | illuminer | Sa nouvelle perruque |
Mains | Matinale | Tambouriner | L'ardoise des toits |
Seconde étape: J'ai rédigé un texte composé de ces 8 cadavres en intercalant 8 vers improvisés entre chaque macchabée. Le résultat n'est pas très gai mais l'exercice est interressant. Je l'ai nommé "Epilogue".
Ma fièvre, stridente,
Entretenait ses grands clins d’œil.
Une idée, une onde pédante
Et le dos vouté d’un écueil.
Je me souvins de ces heures souples
Qui ligotaient l’éventail du temps,
Qui éventaient ce petit couple,
La rotation de deux enfants.
Le marchand ambulant avait sorti de sa besace
Une petite planète musquée, une ultime audace.
Son coursier sirupeux illuminait sa nouvelle perruque
Avec je ne sais quel strass. Pas de magie, il y avait un truc !
Je revoyais mes mains matinales
Tambourinant l’ardoise des toits.
Ce plafond d’été, ce blanc pétale
Fanait, aux abois.
Ces jours granuleux
Me débarrassaient des tuyaux coudés
Des caillots trop nombreux
Qui limaient mes pensées.
Elles avaient fondues ces réponses pistache
Celles qui berçaient nos murs de givre.
Plus aucun lien, aucune attache.
Ne plus lutter, fermer le livre !
Tout à l’heure, au fond des draps
D’une rayure nette
Un jouet aiguisé plissera
Sa dernière marionnette.