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Mille-feuille

Publié le par Ghregg

Bonjour les gens,

 

Vous avez peut être remarqué cette nouvelle rubrique "Textes de l'atelier d'écriture". Dans cette partie vous trouverez une selection de mes textes rédigés lors des "Ateliers d'écriture de la Flibuste". Chaque mercredi soir les participants cet l'atelier improvisent, en une heure, un texte (nouvelle, poésie ou autre) sur des thèmes tirés au sort.

Cet atelier s'incrit dans les actions de l'association multi-arts "La flibuste", n'hésitez pas à aller visiter la page de l'asso:

http://laflibusteedition.blogspot.com/
Après le texte "Un soir serein" publié le 7 Novembre sur ce blog et illustrant le thème: "Des dessins", voici "Mille-feuille" inspiré par le thème "J'ai mangé mes mots".  
Bonne lecture.  A bientôt les gens...

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C’était horrible, douloureux, collant comme une marée noire. A peine avais-je oublié la dernière attaque que la nausée revenait, s’enroulait comme un lierre sur les bords de mon bureau, couvrant mes bras, mes paumes, mon stylo allant jusqu’à tordre les murs de mon petit studio, jusqu’à salir les tapisseries, ternir l’inox des éviers.

 

 

La pénombre dégueulait de la fenêtre, six carrés noirs, pas même un clair de lune à se mettre sous la dent. Les minutes étaient longues, ma mine séchait littéralement sur place, bloquée en lévitation à un millimètre de mon mille-feuille à spirales. « To-card… to-card » Hé merde, voilà que la pendule murale s’y mettait.

 

Il fallait bien se rendre à l’évidence, j’étais sec, condamné à l’inexpression littéraire: un pauvre coureur de syntaxe en fringale de mots, la panne sèche.

 

Alors j’ai pris les devants, j’ai sorti ma nappe à carreaux, je l’ai délicatement posé sur mon écritoire, un tour au placard, un soleil de céramique, godet cristallin, un cadre d’inox et la thérapie pouvait commencer.

L’entrée fut souple: un sonnet en salade salé de savoureux lardons aux césures épicés, une pile d’alléchants mots crus, liés et attachés façon sushis glissant dans la panse comme une lente comptine.


J’ai descendu ensuite une potée, un souple velouté épelé, un potage de COD, j’ai sorti une lame aiguisée et « Phss » voici les mots tendres, les mots d’amour, les mots bleus voir saignant c’est tellement plus goutu…


Une tranche, deux, un verre d’adverbe, gouleyant, la lente glissade d’un lexique alambiqué vers un estomac lesté, COI au café, quelques mots digérés, j’ai laché sur ma langue -cul sec- la cinglante liqueur d’un épilogue. Ce soir, à mon bureau, j’ai dégusté mes mots.

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