Violoncelliste (L'envie)
Bonjour à vous lecteurs,
Après mon poème sur les péchés capitaux je souhaite étendre le concept en m'attardant sur chaque péché pour, à terme, en faire un ensemble cohérent pouvant être déclamé en public (peut-être pour le printemps des poètes 2013). Voici donc l'envie, le péché du vendredi... Bonne lecture.
Vendredi j’ai plongé dans la vie du voisin.
Le visage écrasé au coin de mon carreau
J’ai vu son nid de soie, ses élans d’armoisin,
Ce vernis qui rougeoie sous le poids des rideaux
J’ai vu les chandeliers, les lustres alanguis,
Le bas d’un escalier au style alambiqué,
Odalisques d’airain et masques de Bangui :
Guignolesques embruns inondés de chiqué.
Ma douce apparition, comme à son habitude,
Etait installée là près de la baie vitrée.
J’étais –suffocations- face à sa plénitude,
Un effrayant forçat sur ma peine empêtrée.
Sa robe était plissée, suspendue à mi-cuisses
Et ses bas écartés ouvraient une nacelle,
Un arc de nylon, une baie protectrice
Pour les vaux et vallons de son violoncelle.
Les vibratos dansaient sous ses doigts délicats
Allumant ses versets à la peau de l’archet.
Les accords à tâtons lançaient un reliquat,
Un brin d’oscillation dans ses cheveux de jais.
C’était un corps à corps, la valse sensuelle,
Les reflets blanc et or d’une étreinte muette.
Quand mes yeux s'égaraient par-dessus la venelle
Elle était mon sonnet, la poésie parfaite.