Le vrai baptême
Bonsoir à tous,
Voici la tirade composée pour le baptême de Pablo, le dernier né de ma grande et merveilleuse famille: Une rapide présentation d'un nouveau type de baptême. Ce fut un excellent week-end.
Bonne lecture.
Léonard de Vinci - Le baptême du Christ (1476)
Mon cher petit cousin, adorable angelot,
Divine enluminure, ô souriant marmot !
Nous voici tous en scène à fêter tes un an
A être les témoins de ton adoubement.
Aujourd’hui, ce matin, tu as trouvé la foi
De ce chrême à ton front dans un signe de croix ;
D’une simple aspersion et d’un vent de benjoin
Dans les eaux du Jourdain, minot, tu as rejoint
Les millions de chrétiens, dévots invétérés
Du magicien cabot de plaines de Judée.
Tu as suivi le pas de ses douze copains,
Ces dadais extasiés, prélats de grand chemin
Qui d’un air ébahi, d’un esprit en goguette
Ont escorté la star : Jésus de Nazareth !
Peut-on vraiment blâmer la bande des apôtres ?
Leur époque était bien peu semblable à la nôtre,
Le peuple accumulait assez peu d’intellect
Et il s’extasiait devant la moindre secte.
Mais ils avaient la foi, eux, avaient le talent,
Une voix de tribun et de bons arguments
Et je dois l’avouer, moi aussi, c’est certain
J’aurais suivi un gars qui changeait l’eau en vin.
Mais je suis une bête ignoble, abominable
Et j’ai préféré vivre éloigné de ces fables,
J’ai choisi le plaisir comme unique torture
Pour baigner à coup sûr dans le vice et l’impur.
Je ne suis d’aucun rite, aucune confession
Peu m’importe son acte ou sa profession,
Quand il s’agit de foi moi je l’aime en pâté
Ou poêlé, rissolé, finement relevé
De poivre en déglaçant juste après la cuisson
D’un trait de balsamique et d’un soupçon d’oignon.
Si je fais ce discours c’est pour te révéler
La beauté de nos vies, la douce vérité,
Pour de donner ici l’authentique baptême
Celui qu’on peut lâcher dans un simple poème.
Celui qui mange bien, qui cuisine un peu gras,
Celui qui rit, qui chante et qui n’isole pas
Et qui a pour martyrs le doux Saint Marcellin,
Saint Amour, Honoré ou bien Saint Félicien ;
Celui pour qui Jésus n’est pas homme de foi
Mais un saucisson sec sur sa planche de bois.
Voilà, mon cher cousin, mes recommandations
Pour vivre l’existence avec délectation.
Tu vas pouvoir cingler, prendre de la bouteille,
Naviguer plus serein sur ce monde aux merveilles
Et enfin te pencher sur ces grands choix de vie,
Ce dilemme divin : saignant, bleu ou bien cuit.
Cette interrogation, ce merveilleux tourment :
Que vais-je picoler : vin rosé, rouge ou blanc ?
Donc en ma qualité de prêtre improvisé,
Devant vous mes amis, à Nîmes, imbibés,
Je vais prendre l’enfant et user du Costière
Comme d’une eau bénite, un nectar salutaire
Qui déliera les liens que le curé noua
Dans ses airs indolents de modeste prélat,
Cet homme s’éreintant à cracher son latin
Mais qui n’a pu lâcher aucun alexandrin.
Hé voilà mon Pablo, ô bambin gracieux,
Par mes mots te voilà le bienvenu chez eux.
Bientôt tu trouveras la pensée, la parole
Et tu pourras choisir toi-même ta coupole.