Brasil
Le diable a enfilé son costume de fête,
Glissé sa corne sous un vernis de paillettes
Et par de lancinants contes insidieux
Plastifiés de couleurs, de mythes glorieux,
D’épopées, de ferveurs, de frissons, de héros
Il tente de cacher le luisant de ses crocs.
Dans un grouillement noir d’iules électriques,
Dans un déferlement de câbles fanatiques
Les pupilles du monde, obscènes, indiscrètes
Sont venues se suspendre aux paumes du prophète.
Des flots de cancrelats aux ailettes vinyles,
Aux abdomens criards boursoufflés d’inutile
Vomissaient leurs écueils de logos, de fantasmes
Sur les mollets rougis, les tortueux marasmes
De misère, d’horreurs, de tôles de tuyaux
Qui s’accrochaient aux flancs de la baie de Rio.
Peuple de l’Amazone, enfant du Sertão,
Bouillon d’humanité sous le Corcovado !
Résiste ! Fais tanguer le serpent et son fiel !
Fais chanter les vertus de ta poigne arc-en-ciel !
Tu as vu s’ériger les ogres de métal,
D’impérieuses fleurs maculées de scandale,
Ces berceaux inondés d’argent et de lumières
Où des criquets dansants, des nuées éphémères
Vont –pliés dans leur bulle – évaporer l’obole
Vouée à soutenir le fronton des écoles.
N’ont-ils point de sueurs ces pantins d’opérette ?
N’ont-ils pas l’estomac tiraillé de muettes
Aigreurs en traversant les enflements de peine,
Les faubourgs écorchés de détresses humaines,
En détaillant ces murs, ces trottoirs empourprés
Filant sous les essieux de leur cocon doré ?
Tout ceci n’est qu’un bal, une messe cyclique,
Un atoll frelaté par l’hydre économique
Qui de son souffle gris, sa tyrannie aphone
Couronne des têtards du nimbe des icônes !
Des vendeurs de rasoirs, de burgers, de sodas !
Des mômes chapeautés par l’obscure armada,
Immergés au cœur des pâtis de paraboles
Où gonflent les halos des nouvelles idoles.
Juin 14