Nos hauteurs
Sous les paillettes argentées de l’olivier la balançoire mesure le mistral. Ce matin celui-ci se repose. Le voile gris des premières heures s’est évaporé, l’été grappillera certainement ce jour comme une bulle de survie. D’ici, sur les balustrades hautes de l’avenue Louis Crozet, on capte la rumeur des circulations folles, les moutonnements de tuiles et de lauriers roses, la verticalité sombre des cyprès coincés ça et là entre les angles blancs des villas, taches de bougainvilliers, rondeurs des citronniers qui accusent la hauteur des enceintes pelées. Ce tapis de sérénité visible ronronne sa vie, son travail, son sang du quotidien. Il y a toujours des habitudes sous les cartes postales, noyées dans la luxuriance du décorum. Midi, une brume s’immisce sur les grands hérons métalliques du port. Les crêtes noires au sud s’effacent un instant oubliées par la cité tout entière. Le large avale les terres, il vient nous prendre. Balançoire muette. Une pie jacasse sa loi derrière la palissade. Bientôt les rayons se feront plus cotonneux, les heures trouveront quoi faire de nos corps.
La Ciotat, 14/09/17